Le sport pour les ouvriers
Les premières traces du sport dans l’entreprise datent de la fin du XIXème siècle où apparaissent les clubs associatifs d’entreprise. Nous pouvons citer par exemple l’association du grand magasin Le Bon Marché qui fut créée en 1892 et nommée la Société vélocipédique. Cinq années plus tard, Le Bon Marché se diversifia et ouvrit son association dédiée au football tout cela dans un contexte de politisation de la classe ouvrière. Plus que cela, le sport s’associe à des valeurs symboliques pour l’entreprise comme l’entrainement au travail d’équipe, la rigueur et la discipline. La France patronale des ouvriers s’inspire du modèle américain dont l’opportunité offerte aux ouvriers de pratiquer une activité sportive permet de consolider l’attachement à l’entreprise ainsi que d’augmenter les performances professionnelles. A partir des années 1930, une vague de sport ouvrier s’empare de la France qui tente de se réapproprier le sport d’entreprise autrefois « dirigées par les représentants de la bourgeoisie » (L’Humanité, 5 novembre 1934).
Les bénéfices du sport dans l’univers de l’entreprise
De nos jours, peu sont les entreprises qui proposent à leurs employeurs de pratiquer une activité sportive dans le cadre de leur emploi. En effet, seulement 18% des entreprises proposent ce type de dispositif sportif. En cause, la question de la responsabilité lors d’un accident. Malgré tout une pratique sportive au sein d’une entreprise permet des bénéfices autant pour celle-ci que pour les salariés. Selon l’enquête de Goodwill-Management commandée par le MEDEF et le Comité national olympique et sportif français, cela représente 5 à 7% d’économies sur les dépenses de santé annuelles d’un salarié, plus de 3 ans d’espérance de vie, entre 6% et 9% d’amélioration de la production et ainsi entre 1% et 14% d’amélioration de la rentabilité nette de l’entreprise. Pourquoi de tels chiffres ? La pratique du sport en entreprise permet le bien-être des salariés et une amélioration significative de la cohésion sociale. De plus, il existe une réelle demande de la part des salariés pour qui 78% d’entre eux se disent favorables à la pratique d’une activité sportive dans le cadre de l’entreprise. Les motivations évoquées par ces salariés sont le fait que le sport leur permettrait de décompresser, de s’oxygéner et donc en somme d’améliorer leurs possibles performances professionnelles. Mais concrètement de quelles manières cette performance professionnelle s’améliore-t-elle ? Par la diminution de l’absentéisme et des retards chez les employés. Il existe aussi un enjeu pour les entreprises face au défi de la fuite des talents, la mise en place d’une salle de sport ou d’activités sportives dans ce cadre permettrait de lutter contre ce phénomène.
Les métiers du sport, plus de possibilités qu’être sportif professionnel
Mais peut-on mettre en évidence une logique d’entreprise dans le domaine sportif ? Longtemps, l’univers sportif a refusé de se plier aux logiques économiques. Puis le sport qui correspondait autrefois à une activité gratuite et désintéressée se professionnalise. Par professionnalisation, on entend rémunération : les organisateurs privés d’événements sportifs versent un salaire aux sportifs participants en se basant sur leurs performances. Parallèlement, la compétition sportive devient l’objet de médiatisation. Et cette logique entrepreneuriale va s’intensifier vers les années 1980 en posant les fondations d’un système commercial dans l’univers sportif. Si les clubs évoluant dans l’univers sportif de haut niveau possèdent encore un statut associatif, ils adoptent un nouveau comportement basé sur le management n’hésitant pas à utiliser des outils tels que le marketing, la communication, la finance, le merchandising… Ainsi de nos jours, travailler dans l’univers sportif ne correspond plus uniquement au fait d’être un sportif de haut niveau. Par ailleurs les anciens sportifs de haut niveau en reconversion possèdent maintenant des possibilités plus vastes leur permettant de continuer d’évoluer dans le domaine sportif.
Sources
Pascale SANTI (2019), Sport au travail, un bénéfice négligé, Le Monde
Co Work (2018), Sport au travail : un facteur de bien-être à pratiquer par les salariés
Amaury BUCCO (2019), Ambiance, productivité… pourquoi le sport est bénéfique en entreprise, Le Figaro
Amanda CASTILLO (2016), Faire du sport au travail rend plus productif, Le Temps
Julien PIERRE, Le sport des employés et ouvriers, Sport-entreprise
Béatrice BARBUSSE (2009), Entre sport et entreprise, une attirance réciproque, Expansion Management Review, N°134